Cloturer à en perdre la raison – Hervé Bernard

L’être humain est tout entier dans cette contradiction, c’est un clos ouvert qui se referme comme une huître. L’homme pourrait être un rempart à la clôture, mais cette perspective est un combat quotidien contre lui-même. Nous naviguons en caravane, en caravelle, en caravansérail telle une nef soumise aux quatre vents l’homme vogue. Cette nef ceinte de murs, étrange navire, navigue aux quatre points de l’horizon.

1 Habiter

Habiter, c’est faire partie d’un lieu, c’est participer à ses qualités. Polluer notre habitat, nous oblige à nous en préserver, à nous barricader derrière des procédures pour éviter d’être blessés voire tués par cette pollution. Tels des barbelés, en théorie là pour nous protéger de nos ennemis, ces procédures sont des clôtures protectrices des empoisonnements. Elles nous interdisent d’appartenir à ce lieu : notre habitat. Elles créent des frontières.

Les ronces artificielles, clôture transparente, sont censées nous protéger du danger.

Question de point de vue, de choix, selon le côté du comptoir, des barbelés où nous nous trouvons… Avec la complexification des pollutions a surgi, simultanément, une complexification des systèmes de protection bâtisseurs d’un isolement. La complexité de ces systèmes d’ouverture et de fermeture nécessaires à une protection « efficace » nous a conduits à récupérer tout l’arsenal sécuritaire : caméra, systèmes de télédétection… et, sous prétexte de nous protéger, à faire nôtre des comportements fleurant l’attitude liberticide…

Hervé Bernard, Oeuvre

Dans la lutte contre les risques de cette pollution, le paradoxe de ces clôtures sensées nous protéger de ces désagréments, c’est leur porosité. Elle est monstrueuse ! Ces clôtures laissent passer les liquides et les gaz expectorés par ces décharges et autres usines.

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